L’histoire “humaine” du Mont Blanc débute le 8 août 1786, lorsque le médecin Gabriel-Michel Paccard, 29 ans, et le chasseur savoyard Jacques Balmat, 24 ans, sont les premiers à atteindre le sommet du Mont-Blanc. Ils relèvent alors le défi d’ Horace Bénédict de Saussure qui avait proposé une forte récompense au premier homme qui atteindrait le sommet.
Cette ascension marque bel et bien le début de l’alpinisme. Les deux hommes ont aujourd’hui leurs statues sur une place du centre de Chamonix. Il faut savoir également qu’au XVIIIe siècle, le mont Blanc était communément appelé la « montagne maudite » — un des sommets du massif, le mont Maudit, conserve d’ailleurs cette dénomination.

- Une montagne longtemps redoutée :
Avant même que les hommes ne tentent d’en gravir les flancs, le Mont Blanc suscitait la peur et la fascination. Pendant des siècles, les habitants de la vallée l’appelaient la « montagne maudite », à cause des glaciers menaçants et des crevasses insondables. Les sommets environnants ont d’ailleurs conservé cette mémoire, comme le Mont Maudit ou encore l’Aiguille du Dru, dont les noms évoquent les forces sauvages qui régnaient autrefois sur le massif.
- Selon une ancienne légende locale, le massif du Mont Blanc était jadis verdoyant, propice au pâturage. Mais les démons des glaces, réveillés par les fautes humaines ou la colère divine, auraient peu à peu recouvert les alpages sous la glace et la neige éternelle, forçant les troupeaux à redescendre dans la vallée. Ce récit rejoint l’imaginaire européen de l’époque, nourri par la peur des « glacières » vivantes, symboles d’un monde hostile et inconnu.
- Le Petit Âge Glaciaire et les processions de Chamouny
Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, l’Europe connaît une période de refroidissement climatique appelée le Petit Âge Glaciaire. Dans la vallée de Chamouny (ancien nom de Chamonix), la Mer de Glace avance dangereusement, engloutissant granges et prairies. Inquiets, les villageois organisent alors des processions religieuses pour tenter de repousser l’avancée du glacier, preuve de leur rapport ambivalent avec cette nature puissante et incontrôlable.
- Le tournant de 1786 : naissance de l’alpinisme
L’histoire moderne du Mont Blanc bascule le 8 août 1786, lorsque Jacques Balmat, chasseur et cristallier de 24 ans, et le docteur Michel-Gabriel Paccard, 29 ans, atteignent pour la première fois le sommet du Mont Blanc (4?807 mètres à l’époque). Ils relèvent le défi lancé par Horace Bénédict de Saussure, scientifique genevois passionné par la montagne, qui promettait une forte récompense à qui réussirait l’ascension.
- Cette première conquête marque le début de l’alpinisme tel qu’on le connaît aujourd’hui. Contrairement aux expéditions militaires ou religieuses qui avaient lieu ailleurs dans les Alpes, cette ascension avait une finalité scientifique et sportive, mais aussi une portée symbolique?: l’homme osait défier la haute montagne, non plus comme ennemi, mais comme terrain d’exploration.
- Aujourd’hui, les statues de Balmat et Saussure trônent sur la place centrale de Chamonix, rappelant aux visiteurs ce moment fondateur.
- Le Mont Blanc, entre mémoire, science et tourisme
Depuis cette première ascension, le Mont Blanc est devenu une montagne mythique, convoitée par les alpinistes du monde entier. Dès le XIXe siècle, les scientifiques (géographes, glaciologues, météorologues) s’y intéressent de près. Le sommet devient un observatoire naturel, et la vallée de Chamonix un haut lieu du tourisme alpin.
- Mais la montagne reste un espace vivant, fragile et mouvant, aujourd’hui au cœur des débats sur le changement climatique, la surfréquentation et la préservation du patrimoine naturel. Le Mont Blanc incarne désormais autant le rêve d’élévation que la nécessité d’un nouveau rapport au vivant.